lundi 31 janvier 2011
La misère à Issy-les-Moulineaux.
C'est pour ne pas oublier, car ces boxes à voitures n'existent plus aujourd'hui, que des hommes, des travailleurs qui font vivre leurs familles, ont vécus dans ces taudis, sans fenêtres, sans électricité, dans le froid et l'humidité l'hiver, dans la fournaise de la taule et du béton l'été, à Issy-les-Moulineaux, durant des années, entre les stations Issy-Val de Seine et Jacques Henri Lartigue, en plein quartier riche. C'est également pour ne pas oublier que d'autres hommes, eux-aussi travailleurs, qui eux-aussi font vivre leurs familles, ont osé louer la misère à de pauvres gens. Paradoxe de la rencontre entre misère économique des pauvres gens et misère intellectuelle des gens aisés. Quelle honteuse et décevante Humanité!
Les doigts de fée de Montparnasse.
Il faut voir ce sourire étincelant et écouter ce que ces pauvres mains racontent. Elles ont beaucoup à dire et à apprendre avant de s'en aller. Voir ça ne suffit pas, il faut écouter puis comprendre, si possible, mais enfin, ce n'est pas le plus important. Écoutez simplement!
dimanche 30 janvier 2011
Le marché Brassens au petit matin.
Une blanche lumière d'hiver va bientôt envahir la rue du marché Brassens. Il est quatre heure du matin. Il faut déjà se presser. Le primeur s'attelle à sa tâche. Il dispose des ses larges mains les fruits et légumes aux milles saveurs et, avec la dextérité d'un peintre, les ajuste d'une jolie manière sur l'étale. Paris se réveille tôt, au rythme des travailleurs.
Hommage.
"Il faut un temps infini pour comprendre qu’on a changé de pays. Le corps précède obligatoirement l’esprit. Le corps débarque mais les pensées se prélassent encore dans le salon ensoleillé, les oiseaux dans les couloirs, les arabesques au mur…
Je me suis souvent comparée aux pieds-noirs. Les pieds ici. La tête là-bas…Le plus dur, c’est de ramener la tête. La valise la plus lourde c’est la tête."
A mon cher grand-père.
Un oiseau de soleil est posé sur ton épaule, Isaac. Il a fait le voyage avec toi. Il te regarde et ne comprend pas où il est. Il ne comprend pas le froid, la pluie. Ca n’a pas toujours été facile, il le sait. La guerre, l’école dont tu as été chassé. Mais il y avait les copains, il y avait les rues, le cinéma, il y avait ton chez toi. Loin du vent chargé d’épices qui courait dans tes cheveux d’un noir de jais. Loin du port, loin des rougets de cuivre. Aujourd’hui les cris des enfants jouant à la marelle dans les couloirs vêtus d’arabesques se sont tus. Les éclats de rire se sont effacés laissant place aux éclats de sang. Cette mer nouvelle s’offre à toi, immense et sombre. Elle ne t’inspire rien qui vaille. Ce n’est pas la tienne. Cette mer là n’est pas la bonne, trop de bruit, trop d’écume. Toi, c’est la Méditerranée. Mer sans vagues et silencieuse. Elle te ressemble.
Une lumière blafarde accompagne le grésillement régulier d’un néon qui a du mal à marcher. Emprisonnés sous la terre parisienne. Station Denfert-Rochereau, dans l’œil du cyclone parisien. L’oiseau est toujours là, il n ‘est plus sur ton épaule, il est dans une petite boite et se meurt doucement. Tu as beau lui répéter qu’il faut vivre, il ne supporte pas ces nuits, ces journées sous terre. Alors tu lui fais des promesses, tu lui promets les oranges et les figues de soleil. Tu sais que tu ne rentreras pas au pays, par fierté, par crainte de ne pas retrouver ce que tu as aimé.
Chaque nuit cet oiseau s’envole accompagnant tes songes, d’un battement d’aile il survole le pays d’enfance et la Méditerranée, cette grande cicatrice qui traverse de part en part ton cœur. Chaque matin le bruit de la cafetière accompagne ta mélancolie, café sucré, gauloise. Alors à défaut de retourner au pays, de l’autre côté de la Méditerranée, ce sera le sud, le soleil, le climat mais au fond, tu n’es pas dupe, ça n’est pas pareil. Direction Marignane. La terre est sèche, aride, crevassée. Terrain stérile d’un jardinet d’une cité des Bouches du Rhône. Au milieu de ce jardin dévasté par la chaleur écrasante des rayons du soleil, un figuier majestueux se dresse. Le plus beau figuier du sud est là dans ton jardin, des figues alourdissent ses branches. Tu en a pris soin, tel un petit bout de souvenir arraché au temps. Tu es là à regarder défiler les avions dans le bleu du ciel. Je me demande comment tu as fait, comment tu as réussi à t’élever, tout comme ce figuier, au milieu de ce chaos : comment en es-tu arrivé là ? L’oiseau qui était perché sur ton corps, l’oiseau des arabesques tout doucement s’est envolé vers le soleil d’été. Soleil de papier, soleil de carte postale. Soleil des oncles et des tantes restés au pays ou qui y sont retournés. Soleil des clémentines à la saveur d’enfance, à l'odeur de fleur d'oranger, parfum d’Alger.
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