Il existe une manière de vivre le monde que j’aime profondément. Elle est inhérente à toutes choses. Belle et mystérieuse, mélancolique, elle m’aide à encaisser le spectacle souvent décevant que m’offre mon époque. Je n’ai pas à me plaindre de ma condition. Je ne souffre ni de la faim, ni du froid, ni de la solitude mais je me réfugie dans la poésie comme un vagabond court se réfugier sous un pont lorsque l’orage éclate. Je m’accroche à la plume, à la voix des poètes comme un mourant s’accroche à la vie. Essayer de comprendre la poésie c’est empoigner l'amour à deux mains mais aussi refuser de se laisser embarquer, emprunter un chemin de fortune autre que celui que notre société malade nous impose. Accueillir la poésie à bras-ouverts c’est avoir le courage de larguer les amarres sans pour autant fuir. C’est cette manière d’être libre et d'aimer que Serge Reggiani porte dans ses chansons.
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