dimanche 25 septembre 2011

Le déterminisme social.

Regarder un homme couché en fœtus dans le caniveau droit dans les yeux,
Voir sa fierté trembler,
Voir son honneur d’homme vaciller dans l’iris de ses yeux épuisés,
Sans lui tendre la main.
Continuer à rire, à festoyer,  à songer à ses amours, à ses amis.
Car cet homme ne compte pas. 
Il ne rit pas, ne songe pas à ses amours et à ses amis.
On saura qu’il est mort lorsque l’odeur de la pourriture sera trop forte.
Et on dira à la fac, entre deux cours d’humanités  « tu te souviens du mendiant Plaça Catalunya ?
Il est mort aujourd’hui , seul, recroquevillé dans un couloir du métro, comme un enfant qui a peur du noir. C’est terrible le déterminisme social, terrible.. »
Le déterminisme social c’est ma main que je n’ai pas tendue mille fois.

samedi 24 septembre 2011

Carrer d'en Robador.

J’ai voyagé Carrer d’en Robador aujourd’hui.
Manille,
Hong-Kong,
Ouagadougou,
Buenos Aires,
Mexico.

J’ai vu les fleurs du mal passer,  les rastafaris, les gothiques,  les étudiants pressés.
Les géants de papiers qui dansent pour les enfants et pour la Mercé.
Et puis toujours ce même linge aux fenêtres,
Qui n’en finit pas de s’étaler,  sans jamais s’envoler.
A l’image des immigrés de Barcelone.
A  l’image des corps dénudés d’Afrique et d’Asie qui jonchent les rues nauséabondes.
Ici tout le monde se parle mais personne ne s’écoute.
Ici, on se fréquente mais on  ne se connaît pas.
Barcelone, ville ouverte sur l’Europe et sur la misère.  

Paris n’est pas si loin.

La Mercé, défilé de la Guardia Civil.

lundi 12 septembre 2011

Torrassa, calle Llanca.



      J’ai quitté Torrassa aujourd’hui.  Cela fait une semaine que je vis à Barcelone, calle Llanca.  J’ai vu déambuler sous mes yeux la facette d'une ville que les touristes  soupçonnent à peine. Torrassa c’est le quartier des émigrés d’Amérique du sud.  On y parle un espagnol suave,  qui coule dans la gorge comme une liqueur.  C’est une langue faite de sucre, d’huile  et de soleil que l’on entend sur les trottoirs  sales à l’odeur d’urine, de  poubelles  et de Marie-Jeanne. Le catalan n'y existe presque pas.  On y mange un riz parfumé aux épices d’Inde tout en écoutant du merengue et de la bachata  On peut voir, dans le parc aux oiseaux, des enfants se promener avec des perruches sur l’épaule.  Torrassa c’est le Barbès de Barcelone. Ce n’est pas la misère mais la vie y est dure. Le chômage et le racisme sont à chaque coin de rue. J’ai vécu dans une sorte d’appartement communautaire, partagé par deux familles d’équatoriens, une bolivienne et un colombien de mon âge. Ce sont des gens très accueillants, très croyants également.  Je me suis endormi chaque nuit à la belle étoile dans le patio de l'appartement, veillé par le bruissement du linge qui sèche et s’étale largement sur les fenêtres de l’immeuble, tel des voiles se décrochant de leurs navires.