Je ne suis pas sénégalais, je ne suis pas ivoirien du sud ni du nord, je ne suis pas non plus burquinabé, rien de tout cela. Je suis Africain, nègre entouré de mes frères nègres. Apatride, mon cœur sonne la révolte. Je suis l’enfant d’Afrique perdu à Barcelone, busco la vida. Décembre, il fait froid. Sin electricidad par ordre de l’état, par ordre des nantis. Si tu franchis la porte de mon nid de misère je t'offre une chaise, je te donne à boire et à fumer ainsi qu’un coin de feu pour te réchauffer. Si tu écoutes je t’explique d’où je viens, d’où je reviens. Je t’ouvre les yeux sur la misère, sur l’homme. Je t’apprends ma langue, le wolof et nous communiquons. Orateur sublime, grio ancestral je te raconte, je t'apprends. Je voyage à tes côtés, porté par la torpeur de l’alcool et de la maria qui délivre ma parole, chevrotante de rage, d'avoir la conscience de ma condition d'homme traqué, blessé, humilié, fatigué. Dans le scintillement des flammes et la chaleur d’un verre, je te dévoile mes blessures, ma fierté et de quelle manière, dans une barque de désolation j’ai donné à la mer les corps de mes compagnons, car l’odeur de la pourriture était insupportable, parce qu’il fallait survivre. Je te jette au visage mes quatre frères également morts dans une barque de fortune qui menait à leurs songes, à leurs espérances. Je te conte comme nous sommes nombreux et comme je me sens seul ce soir, loin de chez moi, pour que tu saches.
mercredi 14 décembre 2011
mardi 13 décembre 2011
Ce ne sont pas des mains de géants.
Ce ne sont pas des mains de géantsPaul Eluard.
Ce ne sont pas des mains de génies
Qui ont forgé nos chaînes ni le crime
Ce sont des mains habituées à elles-mêmes
Vides d'amour vides du monde
Le commun des mortels ne les a pas serrées
Elles sont devenues aveugles étrangères
A tout ce qui n'est pas bêtement une proie
Leur plaisir s'assimile au feu nu du désert
Leurs dix doigts multiplient des zéros dans des comptes
Qui ne mènent à rien qu'au fin fond des faillites
Et leur habilité les comble de néant
Ces mains sont à la poupe au lieu d'être à la proue
Au crépuscule au lieu d'être à l'aube éclatante
Et divisant l'élan annule tout espoir
Ce ne sont que des mains condamnées de tout temps
Par la foule joyeuse qui descend du jour
Où chacun pourrait être juste à tout jamais
Et rire de savoir qu'il n'est pas seul sur terre
A vouloir se conduire en vertu de ses frères
Pour un bonheur unique où rire est une loi
Il faut entre nos mains qui sont les plus nombreuses
Broyer la mort idiote abolir les mystères
Construire la raison de naître et vivre heureux.
vendredi 9 décembre 2011
Calle de la tristeza.
Noche de profunda tristeza, fin de noche de fiesta, tengo el corazón borracho de nostalgia. Estoy caminando solo por el Raval, escuchando el manejo de las princesas, felinas negras que venden ellas juventud para sobrevivir. Justo una voz de nube, la de una mujer que he amado, que me habla suavemente de la vida y mi cigarrillo que se muere en un humo silencioso.
dimanche 27 novembre 2011
Rue Rouget de L'Isle.
C'est drôle et triste lorsque l'on se surprend à songer à une rue qui rappelle au coeur un ami et toutes les cigarettes qu'on a partagées pour s'évader.
mercredi 26 octobre 2011
dimanche 23 octobre 2011
mardi 18 octobre 2011
vendredi 7 octobre 2011
Il existe une manière de vivre le monde que j’aime profondément. Elle est inhérente à toutes choses. Belle et mystérieuse, mélancolique, elle m’aide à encaisser le spectacle souvent décevant que m’offre mon époque. Je n’ai pas à me plaindre de ma condition. Je ne souffre ni de la faim, ni du froid, ni de la solitude mais je me réfugie dans la poésie comme un vagabond court se réfugier sous un pont lorsque l’orage éclate. Je m’accroche à la plume, à la voix des poètes comme un mourant s’accroche à la vie. Essayer de comprendre la poésie c’est empoigner l'amour à deux mains mais aussi refuser de se laisser embarquer, emprunter un chemin de fortune autre que celui que notre société malade nous impose. Accueillir la poésie à bras-ouverts c’est avoir le courage de larguer les amarres sans pour autant fuir. C’est cette manière d’être libre et d'aimer que Serge Reggiani porte dans ses chansons.
jeudi 6 octobre 2011
La statue du parc Güell.
A peine 18 ans et tu domines déjà la foule immonde José. Autour de ton imagination s’agitent les touristes, les marchands, les voleurs et les oiseaux du parc Güell. Tout d’or vêtu tu ne dis mot. Tu regardes simplement, immobile. J’imagine que tu songes au pays, à la vie et que ton corps engourdi est plein de prières.
dimanche 25 septembre 2011
Le déterminisme social.
Regarder un homme couché en fœtus dans le caniveau droit dans les yeux,
Voir sa fierté trembler,
Voir son honneur d’homme vaciller dans l’iris de ses yeux épuisés,
Sans lui tendre la main.
Continuer à rire, à festoyer, à songer à ses amours, à ses amis.
Car cet homme ne compte pas.
Il ne rit pas, ne songe pas à ses amours et à ses amis.
On saura qu’il est mort lorsque l’odeur de la pourriture sera trop forte.
Et on dira à la fac, entre deux cours d’humanités « tu te souviens du mendiant Plaça Catalunya ?
Il est mort aujourd’hui , seul, recroquevillé dans un couloir du métro, comme un enfant qui a peur du noir. C’est terrible le déterminisme social, terrible.. »
Le déterminisme social c’est ma main que je n’ai pas tendue mille fois.
Voir sa fierté trembler,
Voir son honneur d’homme vaciller dans l’iris de ses yeux épuisés,
Sans lui tendre la main.
Continuer à rire, à festoyer, à songer à ses amours, à ses amis.
Car cet homme ne compte pas.
Il ne rit pas, ne songe pas à ses amours et à ses amis.
On saura qu’il est mort lorsque l’odeur de la pourriture sera trop forte.
Et on dira à la fac, entre deux cours d’humanités « tu te souviens du mendiant Plaça Catalunya ?
Il est mort aujourd’hui , seul, recroquevillé dans un couloir du métro, comme un enfant qui a peur du noir. C’est terrible le déterminisme social, terrible.. »
Le déterminisme social c’est ma main que je n’ai pas tendue mille fois.
samedi 24 septembre 2011
Carrer d'en Robador.
J’ai voyagé Carrer d’en Robador aujourd’hui.
Manille,
Hong-Kong,
Ouagadougou,
Buenos Aires,
Mexico.J’ai vu les fleurs du mal passer, les rastafaris, les gothiques, les étudiants pressés.
Les géants de papiers qui dansent pour les enfants et pour la Mercé.
Et puis toujours ce même linge aux fenêtres,
Qui n’en finit pas de s’étaler, sans jamais s’envoler.
A l’image des immigrés de Barcelone.
A l’image des corps dénudés d’Afrique et d’Asie qui jonchent les rues nauséabondes.
Ici tout le monde se parle mais personne ne s’écoute.
Ici, on se fréquente mais on ne se connaît pas.
Barcelone, ville ouverte sur l’Europe et sur la misère.
Paris n’est pas si loin.
lundi 12 septembre 2011
Torrassa, calle Llanca.
J’ai quitté Torrassa aujourd’hui. Cela fait une semaine que je vis à Barcelone, calle Llanca. J’ai vu déambuler sous mes yeux la facette d'une ville que les touristes soupçonnent à peine. Torrassa c’est le quartier des émigrés d’Amérique du sud. On y parle un espagnol suave, qui coule dans la gorge comme une liqueur. C’est une langue faite de sucre, d’huile et de soleil que l’on entend sur les trottoirs sales à l’odeur d’urine, de poubelles et de Marie-Jeanne. Le catalan n'y existe presque pas. On y mange un riz parfumé aux épices d’Inde tout en écoutant du merengue et de la bachata On peut voir, dans le parc aux oiseaux, des enfants se promener avec des perruches sur l’épaule. Torrassa c’est le Barbès de Barcelone. Ce n’est pas la misère mais la vie y est dure. Le chômage et le racisme sont à chaque coin de rue. J’ai vécu dans une sorte d’appartement communautaire, partagé par deux familles d’équatoriens, une bolivienne et un colombien de mon âge. Ce sont des gens très accueillants, très croyants également. Je me suis endormi chaque nuit à la belle étoile dans le patio de l'appartement, veillé par le bruissement du linge qui sèche et s’étale largement sur les fenêtres de l’immeuble, tel des voiles se décrochant de leurs navires.
jeudi 21 juillet 2011
Été 2011
Étages effondrés d'un capuccino sans musique, en plein dans le jus. Mousse de lait montée à la va-vite aux glaçons. Précipitation puis inévitable tâche de lait cuivrée sur le zinc, qu'il faudra mater au brillant breton, sous le regard agacé d'un taulier descendant de bougnat. C'est à la belle étoile seulement, lorsque les derniers clients, ivres d'un mauvais vin, seront partis cuver leurs vies hasardeuses chez la vieille d'en haut, celle qui fait des garçons de café son affaire, que je m'en irai. Le limonadier dans la poche et le portefeuille qui baille ses billets. Mais en attendant, à l'heure ou je ne chasse plus ni les souris ni les cafards car ils sont mes plus honnêtes et fidèles compagnons, je balaie les pavés incrustés de mégots. Je songe au moment ou la dynamo de la bicyclette éclairera, au rythme de ma course endiablée, les trottoirs de Convention jusqu'à Barcelone.
mercredi 22 juin 2011
La fête de la musique.
Mois de juin et il fait froid. Le limonadier bien au fond de la poche du borsalino réglementaire, j'observe avec complicité la valse des loufiats du Napoléon. Noble Saint-Germain-des-Près, la poésie y agonise, étouffée par les marchands du temple. Il n'y a malheureusement plus personne pour leur enseigner la danse du bâton. Seul un air de jazz, qui se fraye, tremblant, un chemin à travers les fines gouttes de pluies, rappelle à mon souvenir qu'il faut fêter la musique et la vie. Alors, pour un instant seulement, j'oublie le froid, la pluie, les marchands du temple et ce pauvre limonadier chargé d'histoires qui encombrent ma mémoire.
samedi 11 juin 2011
mercredi 8 juin 2011
Mon grand-père à la maison de retraite de Picpus.
Cette photo est simple comme son sujet, mon grand-père. C'est une photographie sentimentale certainement mais j'aime la sérénité et le bonheur qui se dégagent de son visage. Il est heureux, c'est pas simple d'être heureux. Réussir à capturer ce bonheur fugitif et cette sérénité si rare c'est, il me semble, l'un des objectifs principaux de la photographie.
dimanche 8 mai 2011
lundi 2 mai 2011
La contrebasse.
C'est une grand-mère à la voix douce et chaleureuse qui me réveille doucement tous les matins. Elle déambule avec lourdeur un soir d'hiver sous mon regard d'enfant émerveillé.
samedi 30 avril 2011
Cirque.
Le festival Serious, un festival de cirque organisé par l'association The Serious Road Trip (une association humanitaire) a eu lieu le 16 et 17 octobre 2009 place d'Arènes à Besançon. J'ai donc accompagné mes amis de la troupe d'artistes Circo Banco qui y jouaient leurs premier spectacle "J'me lance". Ce fut très intéressant et très sympa mais difficile d'un point de vue photographique. J'ai eu beaucoup de mal à sortir des photos qui me plaisaient. Je n'ai pas trouvé d'angle d'accroche ni de fil conducteur. Ce fut une expérience difficile mais instructive.
samedi 23 avril 2011
dimanche 20 mars 2011
Grapheurs, portraits.
Une exposition a lieu en ce moment à l'espace jeune Anne Frank, 15 rue Diderot à Issy-les-Moulineaux.
Cette exposition a été relayée par le journal de la ville "Point d'Appui" de juin 2011:
Il y a un an, mon ami Samuel Gaston-Raoul m'a appelé pour faire des photographies de l'événement « Fresque Armature », réalisé le week-end du 10 et 11 avril 2010 grâce à son association 2HDRecords. C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai assisté à la naissance de cette fresque de 110 mètres de long qui décore encore aujourd'hui le mur du Palais des Sports Robert Charpentier à Issy-les-Moulineaux. Ce projet a permis de redonner un visage plus radieux à la rue Charlot, mais a également permis de rassembler vingt-quatre artistes de générations et d'horizons différents sur la même fresque. Des artistes de la dernière vague comme des pionniers du graffiti tels que SHUCK2, SLY2, 2RODE, QUESA, SK1T, NASTY, TYNAMI, RES, MASK, K2K CREW, JACKTWO, KSON, DONE, NOK CREW, WIRE, MORNE, BWEXO. Retour en images sur ce week-end artistique qui m'a ouvert les yeux sur un univers riche que je ne connaissais pas, le monde du street art.
Cette exposition a été relayée par le journal de la ville "Point d'Appui" de juin 2011:
Il y a un an, mon ami Samuel Gaston-Raoul m'a appelé pour faire des photographies de l'événement « Fresque Armature », réalisé le week-end du 10 et 11 avril 2010 grâce à son association 2HDRecords. C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai assisté à la naissance de cette fresque de 110 mètres de long qui décore encore aujourd'hui le mur du Palais des Sports Robert Charpentier à Issy-les-Moulineaux. Ce projet a permis de redonner un visage plus radieux à la rue Charlot, mais a également permis de rassembler vingt-quatre artistes de générations et d'horizons différents sur la même fresque. Des artistes de la dernière vague comme des pionniers du graffiti tels que SHUCK2, SLY2, 2RODE, QUESA, SK1T, NASTY, TYNAMI, RES, MASK, K2K CREW, JACKTWO, KSON, DONE, NOK CREW, WIRE, MORNE, BWEXO. Retour en images sur ce week-end artistique qui m'a ouvert les yeux sur un univers riche que je ne connaissais pas, le monde du street art.
vendredi 25 février 2011
dimanche 13 février 2011
Les bouquinistes du quai Saint-Michel.
La majestueuse Notre-Dame m'a hurlé non, pas aujourd'hui ni même plus tard. Je suis reparti, clopin-clopan, sur les pavés glissants de Paris. Ruminant mes amours morts mêlés à d'humides bouffées d'un mauvais tabac à la fumée âcre. Quelques photos pour tuer cette après-midi maussade qui n'en finit pas de traîner ses pieds sur mes souvenirs.
samedi 12 février 2011
La révolution égyptienne, festivités sur les Champs-Elysées le 11 février 2011.
Après 18 jours de contestations et de heurts, Moubarak a démissioné. C'est une journée historique puisque le raïs, au pouvoir depuis trente ans a cédé face au peuple. L'heure est à la fête sur les Champs-Elysées, retour en image sur cette joyeuse soirée du 11 février 2011 qui restera une journée historique pour l'Egypte.
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